mercredi 25 juin 2014

Qui est aux commandes du développement de notre ville?

Je crains de plus en plus pour le développement de notre ville. Qui s'occupe de l'harmonie et la cohérence dans l’aménagement de notre ville? Qu'en sera-t-il de la valeur de la Grande-Allée et du Boulevard Laurier dans quelques années? À partir de l'université, c'est une artère résidentielle et institutionnelle riche par son patrimoine bâti, influencé par les mouvements Arts& Craft ou par le style international.* De plus, la Grande-Allée gagne en beauté et santé de par ses arbres et canopées magnifiques que bien des cités nous envient. Bien sûr, la trame urbaine présente des éléments hétérogènes et certaines résidences ont peu de valeur architecturale en soi. Mais, l'ensemble constitue une artère au caractère distinctif.   Personne ne peut comprendre qu'on ait laissé construire des maisons de promoteurs au design très banal, sans souci de cohésion avec les typologies existantes. 
Alors que tant de citoyens doivent s'armer de patiente pour faire accepter des modifications à leur propriété, voire même essuyer des refus pour des modifications bien raisonnables,  les démolitions et reconstructions de tout acabit semblent permises sans aucun respect de la typologie, des matériaux, des marges des maisons avoisinantes. C'est un non-sens et cela est désolant.
* Références:  Inventaire du patrimoine bâti des quartiers de Sainte-Foy, Sillery et Saint-Sacrement. (Ville et Québec et Patri Arch, 2009).(N'est plus disponible en ligne )
Vous désirez en lire davantage sur la densification dans les quartiers résidentiels de Québec, consultez le site du    Comité pour une Densification Respectueuse (CDR)  et les articles suivants: Les invasions barbares et : Pour une densification raisonnable à Québec, rédigés par Annie Cloutier 

Tragédie annoncée: énième démolition

1235 av. des Grands-Pins (sera démolie)
Au 1235 avenue des Grands-Pins, un bungalow magnifique, entretenu avec soin et entouré d’un terrain paysager et d’arbres matures sera démoli pour être remplacé par deux maisons unifamiliales sont le design est tiré d'un catalogue de promoteur. Ce bungalow est de plus voisin d’une maison patrimoniale (1241 av. Grands-Pins) datée de 1921 et répertoriée dans  l’Inventaire du patrimoine bâti desquartiers de Sainte-Foy, Sillery et Saint-Sacrement de la Ville de Québec (p. 122-123). Illustrée ci-dessous.

Deux unifamiliales à venir.


Je réitère ma position: je suis favorable à la densification, raisonnable et respectueuse, mais pas au prix des démolitions des maisons saines qui contribuent avec les résidences avoisinantes au caractère distinctif de ce secteur de la Ville de Québec.


1241 av Des Grands-Pins


lundi 14 avril 2014

Une demande pour la légalisation de l'aide médicale à mourir en fin de vie

Un avocat de Toronto fait une demande au Gouvernement canadien d'accepter et de légaliser le suicide assisté lorsqu'une personne a un verdict de maladie incurable et en formule lui-même le souhait. Il fait un plaidoyer émouvant dans une lettre et une vidéo (8mars 2014).  Il déplore que les moins fortunés ne puissent avoir accès, si c'est leur volonté, à une assistance à mourir. Il s'est envolé pour la Suisse afin d'exercer son propre choix.
Lire :

Lawyers want Supreme Court to view man’s dying plea for assisted suicide law

Vidéo:  You Tube:  Ed Hung- My Way , 

Grisaille et morosité



Semaine morose. Morosité électorale. Morosité climatique. Morosité de voir ma mère impassible, mourir de sécheresse du corps et de l'esprit.


"Comment danser et chanter quand tout de ce gris nous anesthésie? "(L'extinction des espèces deJean-François Nadeau, Le Devoir du jour 14 avril 2014 ). Tout concourt. Et je n'en rajoute pas avec le rapport du Groupe intergouvernemental d'experts sur l’évolutiondu climat (GIEC). Et la société s'enligne pour surconsommer et suremballer avec une autre fête qu'on voudrait moins commerciale...

Bon, nouvelles de ma mère...Quatre semaines sans manger, très peu d'eau. Que des gouttes depuis une semaine et aucune goutte depuis 24 heures. Elle est "tough". Le personnel est étonné. Le corps immobile n'a pas besoin de beaucoup d'énergie, il puise dans les réserves.
À travers ses grandes périodes de somnolence, elle a encore de très courts moments de présence.  La très bonne amie de ma mère qui était en convalescence sur le même étage a quitté les lieux vers une habitation pour personnes semi-autonomes. En serrant la main de ma mère, elle lui a dit : Bonne Route, Vesta. Puis elle l'a embrassée . Maman l' a reconnue. Elle a prononcé son nom.
En arrivant hier soir pour ma nuit auprès de maman, la dame d'en face venait de décéder. Pourtant, vendredi en jasant avec son mari, j'avais espéré un combo: deux départs en même temps.
Lorsque je suis arrivée près de ma mère hier soir, en me penchant au dessus de son visage, je lui ai dit doucement: Allo maman. Elle m'a répondu faiblement: Bonjour. J'étais touchée.

samedi 5 avril 2014

Le mois de mars s'est envolé


Je croise chaque jour des patients en phase terminale et je jase avec deux d’entre eux. À l’étage des soins palliatifs, il y a un salon où viennent manger ceux et celles qui peuvent encore se déplacer. Il y a donc souvent une petite jasette le matin ou en soirée.  J’y viens chaque jour depuis deux mois. Depuis deux semaines, j’y dors souvent, car nous avons entrepris de veiller maman et lui procurer une présence rassurante et chaleureuse en tout temps.

Voilà trois semaines que ma mère a cessé de manger volontairement et qu’elle  ne boit que quelques gorgées. Depuis une semaine, on a cessé de lui offrir de l’eau, car elle s’étouffe facilement. On humecte la bouche avec une pipette éponge. Elle est immobile. Les nuits et les jours se suivent sans aucun nutriment dans une chambre dont les rideaux sont un peu entrouverts.  À petit feu, si lentement, son corps s’assèche, ses jambes se sont momifiées, son corps n’en finit pas de se déshydrater…. Je n’aurais jamais cru que la charpente, les muscles, le cœur les poumons puissent être si longs à mourir... Malgré  plusieurs  séances de chimio auparavant, et malgré un premier jeûne obligatoire en février, son corps a encore des réserves...Il faut la tourner aux deux heures. Parfois on espace les rotations pour la laisser tranquille. Quand je déplie ses bras, c’est tout moite dans le creux du bras. Après qu’on l’ait manipulée aujourd’hui, et on lui a demandé si ça allait? Elle a répondu : Il le faut. Quel courage, elle ne se plaint jamais. Ma mère fait preuve de sérénité et de dignité dans cette traversée. Que se passe-t-il dans son esprit? Elle s’est plus ou moins réfugiée dans un mutisme. Mais elle est encore lucide dans ses moments d’éveil. Tellement d'amour, tellement d'attente...

Quand son cerveau cessera-t-il de donner la commande de respirer? Quand mourra -t-elle d’une arythmie ou d’une insuffisance rénale?

De mon côté, j’ai cheminé avec ma colère et j’accepte que je ne puisse rien faire pour accélérer le processus.  J’essaie d’être le plus paisible possible, mais je ne vois pas le sens de cette vie sans vie.

Ajout: Il y a une équipe de gens extraordinaires qui lui prodigue des soins de confort avec plein de délicatesse et qui s'assure qu'elle ne souffre pas. C'est un immense réconfort pour la famille.

samedi 29 mars 2014

Mourir à petit feu et Mourir dans la dignité

Extrait d'une lettre écrite par ma mère à propos du projet de loi Mourir dans la dignité: "Je suis athée, en soins palliatifs. Le jour où je me trouverai dénuée de tout ce qui fait l’essence de ma vie active et de ses plaisirs, la souffrance de mon corps n’aura plus de sens, ni de valeur pour moi. Le seul droit que je réclame alors dans une société progressiste, c’est de mourir selon ma volonté.

 J’espère que la loi sera promulguée en temps pour moi, et que je pourrai trouver un médecin qui partagera mes vues, qui comprendra le sens moderne des mots « dignité et autonomie » et qui aura l’empathie et la bonté humaine de m’aider à mourir quand le temps sera venu. Ainsi ma fin « appartiendra à l’ensemble de ma vie », puisque c’est moi qui l’aurai choisi ainsi."
 Vesta Jobidon, Québec, Qc 25 novembre 2013
Depuis deux mois, elle est en soins palliatifs et les services sont extraordinaires, remplis de délicatesse et de compassion. Mais,maintenant, elle souhaite plus que du palliatif. Elle souhaite l'aide médicale à mourir. Depuis 11 jours, elle a cessé volontairement de manger afin d'accélérer son départ. C'est la seule voie que lui offre la société en ce moment. Je trouve qu'elle fait preuve de courage dans son autodétermination. Encore ce matin, elle me disait qu'elle n'a pas peur de la mort et que, si elle le pouvait, elle aimerait partir plus vite. Quand ça fait deux ans que tu as eu ton verdict de cancer incurable, tu as eu le temps de faire ton processus. Alors ça donne quoi d'éterniser ? .....

lundi 3 mars 2014

Le mois de février s'est envolé; nouvelles de ma mère

C'est une routine qui s’est installée. Quotidiennement je visite le 3e palliatif, la chambre de ma mère étant au bout du couloir, j'ai un aperçu  de chaque chambre  par l’entrebâillement des portes, de chaque décor de fin de vie , différent, personnalisé ou non. Il y a eu des départs et des arrivées sur l’étage depuis ces 3 semaines.

La porte de ma maman est toujours fermée car cela coupe les bruits de l’étage et du salon des visiteurs pas très loin. Chaque jour, quand j'entrouvre la porte du 303, je retrouve ma mère bien assise dans sa chaise placée près du lit, qui lève la tête et me sourit. Un vrai beau sourire, pas forcé. C’est comme son nouvel univers, tout simple, mais qui la satisfait pleinement : à côté du lit, sa chaise, son radio cd, son téléphone (qu’elle peut fermer quand elle se repose) - et la petite télé tout près. Je garderai en mémoire cette image de ma mère assise dans cet espace réduit, dénudé, à l’image de sa simplicité volontaire; mais  souriante et même riante au gré des conversations.

Avec mes fils, elle jase d’école, de leurs sports et des Olympiques. Ces derniers évoquent leurs projets de voyage en fin d'études. Elle nous dit à quel point elle aime l’histoire Isabel Allende, Island beneath the sea (2010) qu’elle écoute sur 14 CD. C'est un grand récit de familles, de plantations, d'esclavage et d'identité culturelles sur l'ile d'Haïti. Quand elle est seule, elle ré-écoute Missa Solemnis de Beethoven, et la musique de Brahms, Glenn Gould et Natalie Choquette.

Ajout , lundi 3 mars
Une autre semaine s’est écoulée... même routine... grâce à l’oxygène, elle a la chance d’avoir encore un peu d’énergie. De plus, après trois semaines sans aucune alimentation, elle peut grignoter un peu car ça semble passer. Elle ne se fait pas de cachette. Ses forces l’abandonnent de plus en plus. Elle commence l’écoute de The Shipping News (1993) par l'auteure américaine Annie Proulx (Nœuds et Dénouements).
Elle a regardé le diaporama que ma soeur lui a préparé avec l'aide d'un ami et elle fut bien touchée par cet hommage. Une vie ne se résume pas à 150 photos, ça ne dit pas tout. Le diaporama lui rappelle cependant de beaux moments  et il reflète tout l’amour qu’ elle a donné à sa famille et l'aide qu'elle a apportée à la société.
Finalement, ma mère témoigne son affection et sa fierté à son entourage, à ses amies, ses enfants et petits-enfants, avec une émotivité bien contrôlée. Elle ne veut pas pleurer. C'est moi qui ai les larmes aux yeux quand je lui dis qu'elle va me manquer lorsqu'elle ne sera plus là.
Salutations amicales à vous tous.