lundi 14 avril 2014

Une demande pour la légalisation de l'aide médicale à mourir en fin de vie

Un avocat de Toronto fait une demande au Gouvernement canadien d'accepter et de légaliser le suicide assisté lorsqu'une personne a un verdict de maladie incurable et en formule lui-même le souhait. Il fait un plaidoyer émouvant dans une lettre et une vidéo (8mars 2014).  Il déplore que les moins fortunés ne puissent avoir accès, si c'est leur volonté, à une assistance à mourir. Il s'est envolé pour la Suisse afin d'exercer son propre choix.
Lire :

Lawyers want Supreme Court to view man’s dying plea for assisted suicide law

Vidéo:  You Tube:  Ed Hung- My Way , 

Grisaille et morosité



Semaine morose. Morosité électorale. Morosité climatique. Morosité de voir ma mère impassible, mourir de sécheresse du corps et de l'esprit.


"Comment danser et chanter quand tout de ce gris nous anesthésie? "(L'extinction des espèces deJean-François Nadeau, Le Devoir du jour 14 avril 2014 ). Tout concourt. Et je n'en rajoute pas avec le rapport du Groupe intergouvernemental d'experts sur l’évolutiondu climat (GIEC). Et la société s'enligne pour surconsommer et suremballer avec une autre fête qu'on voudrait moins commerciale...

Bon, nouvelles de ma mère...Quatre semaines sans manger, très peu d'eau. Que des gouttes depuis une semaine et aucune goutte depuis 24 heures. Elle est "tough". Le personnel est étonné. Le corps immobile n'a pas besoin de beaucoup d'énergie, il puise dans les réserves.
À travers ses grandes périodes de somnolence, elle a encore de très courts moments de présence.  La très bonne amie de ma mère qui était en convalescence sur le même étage a quitté les lieux vers une habitation pour personnes semi-autonomes. En serrant la main de ma mère, elle lui a dit : Bonne Route, Vesta. Puis elle l'a embrassée . Maman l' a reconnue. Elle a prononcé son nom.
En arrivant hier soir pour ma nuit auprès de maman, la dame d'en face venait de décéder. Pourtant, vendredi en jasant avec son mari, j'avais espéré un combo: deux départs en même temps.
Lorsque je suis arrivée près de ma mère hier soir, en me penchant au dessus de son visage, je lui ai dit doucement: Allo maman. Elle m'a répondu faiblement: Bonjour. J'étais touchée.

samedi 5 avril 2014

Le mois de mars s'est envolé


Je croise chaque jour des patients en phase terminale et je jase avec deux d’entre eux. À l’étage des soins palliatifs, il y a un salon où viennent manger ceux et celles qui peuvent encore se déplacer. Il y a donc souvent une petite jasette le matin ou en soirée.  J’y viens chaque jour depuis deux mois. Depuis deux semaines, j’y dors souvent, car nous avons entrepris de veiller maman et lui procurer une présence rassurante et chaleureuse en tout temps.

Voilà trois semaines que ma mère a cessé de manger volontairement et qu’elle  ne boit que quelques gorgées. Depuis une semaine, on a cessé de lui offrir de l’eau, car elle s’étouffe facilement. On humecte la bouche avec une pipette éponge. Elle est immobile. Les nuits et les jours se suivent sans aucun nutriment dans une chambre dont les rideaux sont un peu entrouverts.  À petit feu, si lentement, son corps s’assèche, ses jambes se sont momifiées, son corps n’en finit pas de se déshydrater…. Je n’aurais jamais cru que la charpente, les muscles, le cœur les poumons puissent être si longs à mourir... Malgré  plusieurs  séances de chimio auparavant, et malgré un premier jeûne obligatoire en février, son corps a encore des réserves...Il faut la tourner aux deux heures. Parfois on espace les rotations pour la laisser tranquille. Quand je déplie ses bras, c’est tout moite dans le creux du bras. Après qu’on l’ait manipulée aujourd’hui, et on lui a demandé si ça allait? Elle a répondu : Il le faut. Quel courage, elle ne se plaint jamais. Ma mère fait preuve de sérénité et de dignité dans cette traversée. Que se passe-t-il dans son esprit? Elle s’est plus ou moins réfugiée dans un mutisme. Mais elle est encore lucide dans ses moments d’éveil. Tellement d'amour, tellement d'attente...

Quand son cerveau cessera-t-il de donner la commande de respirer? Quand mourra -t-elle d’une arythmie ou d’une insuffisance rénale?

De mon côté, j’ai cheminé avec ma colère et j’accepte que je ne puisse rien faire pour accélérer le processus.  J’essaie d’être le plus paisible possible, mais je ne vois pas le sens de cette vie sans vie.

Ajout: Il y a une équipe de gens extraordinaires qui lui prodigue des soins de confort avec plein de délicatesse et qui s'assure qu'elle ne souffre pas. C'est un immense réconfort pour la famille.