lundi 3 mars 2014

Le mois de février s'est envolé; nouvelles de ma mère

C'est une routine qui s’est installée. Quotidiennement je visite le 3e palliatif, la chambre de ma mère étant au bout du couloir, j'ai un aperçu  de chaque chambre  par l’entrebâillement des portes, de chaque décor de fin de vie , différent, personnalisé ou non. Il y a eu des départs et des arrivées sur l’étage depuis ces 3 semaines.

La porte de ma maman est toujours fermée car cela coupe les bruits de l’étage et du salon des visiteurs pas très loin. Chaque jour, quand j'entrouvre la porte du 303, je retrouve ma mère bien assise dans sa chaise placée près du lit, qui lève la tête et me sourit. Un vrai beau sourire, pas forcé. C’est comme son nouvel univers, tout simple, mais qui la satisfait pleinement : à côté du lit, sa chaise, son radio cd, son téléphone (qu’elle peut fermer quand elle se repose) - et la petite télé tout près. Je garderai en mémoire cette image de ma mère assise dans cet espace réduit, dénudé, à l’image de sa simplicité volontaire; mais  souriante et même riante au gré des conversations.

Avec mes fils, elle jase d’école, de leurs sports et des Olympiques. Ces derniers évoquent leurs projets de voyage en fin d'études. Elle nous dit à quel point elle aime l’histoire Isabel Allende, Island beneath the sea (2010) qu’elle écoute sur 14 CD. C'est un grand récit de familles, de plantations, d'esclavage et d'identité culturelles sur l'ile d'Haïti. Quand elle est seule, elle ré-écoute Missa Solemnis de Beethoven, et la musique de Brahms, Glenn Gould et Natalie Choquette.

Ajout , lundi 3 mars
Une autre semaine s’est écoulée... même routine... grâce à l’oxygène, elle a la chance d’avoir encore un peu d’énergie. De plus, après trois semaines sans aucune alimentation, elle peut grignoter un peu car ça semble passer. Elle ne se fait pas de cachette. Ses forces l’abandonnent de plus en plus. Elle commence l’écoute de The Shipping News (1993) par l'auteure américaine Annie Proulx (Nœuds et Dénouements).
Elle a regardé le diaporama que ma soeur lui a préparé avec l'aide d'un ami et elle fut bien touchée par cet hommage. Une vie ne se résume pas à 150 photos, ça ne dit pas tout. Le diaporama lui rappelle cependant de beaux moments  et il reflète tout l’amour qu’ elle a donné à sa famille et l'aide qu'elle a apportée à la société.
Finalement, ma mère témoigne son affection et sa fierté à son entourage, à ses amies, ses enfants et petits-enfants, avec une émotivité bien contrôlée. Elle ne veut pas pleurer. C'est moi qui ai les larmes aux yeux quand je lui dis qu'elle va me manquer lorsqu'elle ne sera plus là.
Salutations amicales à vous tous.
 
 



 

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